
A l’exception de nos vignes à Tavel, les vignes de Boucarut sont toutes situées autour du domaine. Il s’agit de parcelles moyennes à petites, situées par rapport aux bâtis : sur un plateau au nord-ouest, sur un coteau au sud-ouest et dans une plaine à l’est.
Notre domaine a donc l'originalité de constituer un véritable sanctuaire.
Le paysage y est marqué par la présence de nombreuses haies et bosquets, ce qui confère naturellement au domaine une configuration agroécologique. Ces haies et bosquets rendent le travail mécanisé moins aisé et exigent un entretien spécifique mais ils créent un paysage varié et sont très favorables à la biodiversité, notamment aux oiseaux (parfois rares ou spectaculaires comme le rollier d'Europe, la huppe fasciée, le hibou petit duc, la chouette chevêche ou le pic vert) et aux reptiles (couleuvres de Montpellier et lézard ocellé notamment).
Au delà de cette biodiversité visible, nous cherchons à favoriser la biodiversité invisible du sol. A cette fin, et pour aller plus loin que les normes de l'agriculture biologique, nous maintenons un couvert végétal partiel dans les vignes, y compris au printemps et en été, ce qui est le plus souvent honni dans la viticulture méditerranéenne en raison de la concurrence entre la vigne et les autres plantes. Pourtant, en surface, un tel couvert permet en été de protéger le sol du rayonnement solaire. Il constitue un abri pour la faune et la microfaune auxilliaire et devrait permettre de limiter la prolifération des insectes dits ravageurs (mieux que ne le feraient les insecticides qui détruisent aveuglément et perturbent les équilibres). En séquestrant le carbone atmosphérique dans le sol sous forme organique, le cycle naturel des couverts végétaux favorisent aussi la vie souterraine, structure le sol et préserve les ressources hydriques.
Pour favoriser cette vie du sol, nous réduisons également les doses de cuivre par rapport à la norme légale en bio (l'accumulation de cuivre nuit en effet aux champignons du sol). Nous cherchons également à limiter les labours et plus généralement l’usage du tracteur.
Au-delà des effets bénéfiques de ces pratiques sur l'équilibre naturel de nos terres, la profondeur d’un vin commence selon nous par la complexité de l’environnement dans lequel la vigne s’établit. En d'autres termes, il n'existe pas de vin de terroir sans sol vivant!
A ce jour, nos vignes, à l’exception de celles de Tavel qui sont en gobelets, ont été implantées en cordons de royat, une taille conçue pour faciliter le travail mécanique. Pour nos nouvelles plantations, nous retournons vers la conduite méridionale traditionnelle en gobelets plus respectueuses des besoins de la plante.
De même, nous privilégions le recours à des plants issus de sélections massales plutôt que des clones. Nous expérimentons également la complantation pour favoriser l'expression constante du terroir (dilution des expressions variétales des cépages et des effets millésimes) et limiter la création de foyers de sensibilité aux maladies cryptogamiques.
Enfin, nous avons pour originalité de prôner la baisse des densités de plantation comme moyen de garder les sols couverts sans compromettre le développement de la vigne.
En définitive, nos pratiques ont un dessein double mais indissociable : proposer des vins de très grande qualité et tendre vers un équilibre naturel en raisonnant chaque pratique culturale en ce sens. Cette philosophie implique des rendements moindres et des coûts de production plus élevés. Mais nous croyons que c'est la seule façon de faire des bons vins, aux caractères uniques et provenant d'un environnement où la nature est constamment respectée, admirée et chérie.